par
Amy Hasbrouck
Toujours
Vivant-Not Dead Yet:
Un
projet du Conseil des canadiens avec déficiences (CCD)
Amy Hasbrouck & John Kelly |
Sue Griffiths de Winnipeg, MB est la dernière personne
à faire connaître son désir d’avoir de l’aide pour se suicider et ses efforts
sont célébrés par la presse.
La semaine dernière, son appel au Parlement pour
rouvrir la question du suicide assisté a été largement rapporté pendant qu’elle
se préparait à aller à Dignitas, une clinique en Suisse qui aide les gens à se
tuer.
Mme Griffiths a une atrophie des systèmes multiples,
une maladie neurologique dégénérative qui provoque des douleurs pour environ la
moitié des personnes atteintes. Les photos la montrent debout, marchant et utilisant
ses mains, alors elle n'est certainement pas une personne qui est «physiquement
incapable de se suicider sans aide». Elle est décrite comme une personne qui
est responsable de sa vie, mais elle veut apparemment avoir quelqu'un d'autre
pour prendre la responsabilité de sa mort.
Les raisons qu'elle donne pour vouloir mourir sont
liées à son incapacité, d’avoir besoin d'aide pour les soins personnels et
d'autres activités quotidiennes, d'avoir à utiliser de l'équipement adapté, de
perdre son indépendance. Le sous-entendu
est que, en tant que personne avec déficience, elle se croit moins méritante,
moins digne et pas pleinement humaine.
En effet, l’incapacité n'est pas un destin pire que la
mort. Quand les gens sont atteints d’une déficience, ils doivent faire le deuil
de la capacité qu'ils avaient, tout comme un parent pourrait faire le deuil
d'un enfant, ou on pleure la perte de sa maison après une catastrophe
naturelle. Mais personne ne suggère que c'est une bonne idée pour les parents
endeuillés ou survivants d'une catastrophe naturelle de se suicider, et encore
moins qu'il ou elle soit aidée à mourir.
Nous avons une politique de prévention des suicides, à
juste titre. Nous appliquons cette politique à des personnes dont le désespoir
naît de difficultés sociales ainsi que psychologiques, aux adolescents victimes
d'intimidation, aux personnes LGBT qui ont été persécutées, aux Autochtones aux
prises avec la pauvreté et la perte du patrimoine culturel, ainsi qu’aux
survivants de la violence domestique. Les
personnes en situation de handicap, qui n'ont pas de services et de soutien
pour vivre dans leurs maisons et être intégrées dans leurs communautés, font
face à la même discrimination ainsi qu’aux facteurs de stress sociaux. Les
politiques et les services de prévention du suicide doivent être appliqués de
manière égale aux personnes handicapées et non handicapées, sans biais ni
préjugé sur la qualité de vie avec une déficience. La société doit commencer à
s'attaquer à la discrimination sous-jacente et la stigmatisation qui créent les
conditions dans lesquelles la plupart des personnes ayant des incapacités vivent.
Nous devrions nous demander: pourquoi est-ce que
personne n’essaie d’arrêter Susan Griffiths de se suicider? Faut-il permettre que les réalités
quotidiennes de la vie en situation de handicap deviennent une raison
suffisante pour obtenir de l'aide à mourir? Est-ce que l'orgie médiatique autour de son histoire ne signifie pas que
nous croyons que les réalités quotidiennes de la vie avec un handicap sont une
raison suffisante pour obtenir de l'aide à mourir? Est-ce que les médias devraient mordre à
l'hameçon chaque fois qu'une personne avec une déficience étale son suicide sur
la place publique.
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